Après avoir fait fabriquer ses centraux téléphoniques en Roumanie, Alcatel-Lucent Enterprise (ALE) a choisi d’en relocaliser la production en France chez le sous-traitant électronique Cofidur, à Laval (Mayenne). Ironie de l’histoire, cette usine n’est rien d’autre qu’un ancien site d’Alcatel, cédé en 2001 à Flextronics avant d’être repris partiellement par Cofidur en 2006.
Des volumes adaptés à une production en France
Ce projet de relocalisation a été mis en avant lors de la visite, vendredi 10 mars, de Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications, au siège d'ALE, à Colombes (Hauts-de-Seine).
Avec ce projet, ALE renforce son ancrage en France où l'entreprise emploie près de la moitié des 2 000 personnes qu'elle compte dans le monde. «Nous voulons nous rapprocher de nos clients et réduire l'impact environnement lié aux transports de nos produits, souligne Nicolas Brunel, vice-président exécutif de la division communication en charge des produits et services de communication voix et vidéo pour entreprises. Nous détenons 43 % du marché en France et 25% en Europe de l'Ouest, et réalisons 60 à 70% de notre chiffre d'affaires dans cette dernière région. En choisissant de produire en France nos centraux téléphoniques, nous voulons avoir un meilleur contrôle sur notre chaîne logistique de façon à livrer plus vite nos clients et leur garantir la sécurité.»
ALE affirme travailler depuis plus d'un an avec Cofidur sur l'optimisation et la robotisation de process pour réduire l'écart de coût par rapport à la production en Roumanie. La production en France coûtera malgré tout «un peu plus cher». Mais le surcoût serait largement compensé par les économies sur les transports et le gain en image du made in France, selon Nicolas Brunel. Elle concerne la nouvelle génération de produits que l'entreprise prévoit de lancer sur le marché en 2023. Les livraisons à partir de l'usine de Cofidur devraient débuter en avril prochain.
Des volumes modestes
Les volumes en jeu restent modestes, de l'ordre de quelques dizaines de milliers de pièces par an. Un élément qui justifie aussi leur relocalisation, puisqu'il subsiste en France une filière de production électronique dédiée. En revanche, la production des terminaux téléphoniques et accessoires, qui approche le million de pièces par an, reste en Chine et en Europe de l'Est.
ALE se dit fier de contribuer au développement de l'emploi chez Cofidur sans donner de chiffres sur les emplois que cette relocalisation va créer. Cofidur fait partie des dix plus gros sous-traitants électroniques en France avec un effectif de 400 personnes, un chiffre d’affaires de 56 millions d’euros en 2022 et trois usines, dont deux en France, l’une à Laval, l’autre à Boulazac-Isle-Manoire, en Dordogne.
ALE a été créé en 2014 par essaimage d'Alcatel-Lucent avec le fonds d'investissement chinois Huaxin. Ce fonds détient toujours l'entreprise. «Mais nous restons une entreprise français par notre ADN, notre marché et notre culture, et le fonds qui nous accompagne depuis notre séparation d'Alcatel-Lucent se comporte comme un investisseur proche de la France», affirme Nicolas Brunel.